Chronique stratégique
Pour un verdissement équitable
Il est de plus en plus question de pratiques écoresponsables, et ce, à tous les niveaux : citoyen, organisationnel, municipal, etc. Un enjeu est toutefois souvent oublié : l’accessibilité équitable de ces pratiques à l’ensemble de la population.
En effet, le verdissement d’espaces urbains et l’ajout de modes de transports écoresponsables dans certains quartiers d’une ville peuvent entraîner une surenchère des propriétés du quartier. Cela crée un « éco-embourgeoisement » ou une « gentrification-verte » en repoussant les populations défavorisées à l’extérieur du quartier, vers les secteurs moins bien desservis en termes de services et de verdissement. Les pratiques écoresponsables des villes peuvent ainsi créer ou accentuer les inégalités déjà présentes entre certains quartiers.
Il est alors essentiel que les villes interviennent également dans la création de logements sociaux et communautaires dans ces secteurs – comme le fait notre partenaire Habitations l’Équerre – afin d’y permettre le maintien de la population moins favorisée, déjà présente dans ces quartiers. Heureusement pour nous, la Ville de Sherbrooke et ses élu·es sont sensibles à cette question et activement impliqué·es dans le développement de logements communautaires par leur appui à des projets comme le Laboratoire pour l’abordabilité du bâti (LAB), lancé il y a quelques semaines.
Un autre enjeu à garder en tête est la répartition équitable des ressources – alors qu’on revitalise et verdit un quartier, les besoins demeurent aussi criants dans d’autres secteurs. Ainsi, bien que les projets d’écoquartiers soient emballants, il ne faut pas pour autant délaisser les quartiers existants, où les besoins de revitalisation et de réaménagement demeurent.
Ces mises en garde nous rappellent que le développement durable est la combinaison du développement environnemental, économique ET social. L’un ne doit pas se faire sans les 2 autres. Les acteurs et actrices du développement des communautés, dont fait partie l’ISDC, ont un rôle à jouer à ce niveau : se faire gardien du développement social et agent de liaison entre ces secteurs de développement, en rappeler l’importance aux dirigeants et mobiliser la population par rapport aux projets de développement et de revitalisation – verte ou non – qui se déroulent dans leur quartier. Soyons acteurs du développement vert – et surtout équitable – de nos quartiers, pour une transition écologique pour tous!
Inspiré de ce texte du journal Le Devoir La misère dorée derrière la transition verte , publié le 23 mai 2023